Vous avez remarqué qu’à partir de 18 mois / 2 ans votre
enfant qui était si sage, si obéissant, si mignon… s’est tout d’un coup mis à
faire crises sur crises ! Partout autour de vous on vous parle de
caprices, comédies, cinéma, d’enfant-roi ou tyran. On vous dit d’être plus
ferme, plus autoritaire, de le punir ou de le frapper pour qu’il comprenne que
c’est vous qui commandez et non lui !
En réalité, la plupart des comportements dérangeants des
enfants sont des comportements normaux pour leur âge. Le cerveau de l’enfant
est immature à sa naissance, il ne fonctionne pas comme le nôtre et ce n’est
pas sans conséquences sur son comportement.
La phase d’affirmation de soi
Tout d’abord, 18 mois / 2 ans est l’âge où l’enfant commence
à prendre conscience de son individualité, il veut explorer le monde autour de
lui, faire ses propres choix et aussi faire tout seul. C’est le début de
l’autonomie.
Je préfère dire que l’enfant est dans une phase d’AFFIRMATION
plutôt que d’opposition comme on l’entend souvent. « Quelle est la
différence ? » vous allez me demander. La différence est dans le
regard que nous portons à notre enfant. Si on se dit qu’il s’oppose (à nous),
on a tendance à vouloir rester camper sur nos positions et à imposer nos choix à
l’enfant et à faire usage de notre supériorité physique, de notre force, de notre
pouvoir… bref, l’enfant ne se sent pas écouté ni respecté en tant que personne,
il est frustré et ça déclenche des crises car il ne sait pas encore gérer ses
émotions.
Si on se dit que l’enfant est dans une période
d’affirmation, on est plus à l’écoute de sa personne et plus susceptible de
trouver des solutions qui feront consensus pour tout le monde ou de lui laisser
des choix, dans la mesure du possible. Les crises seront ainsi limitées (je
n’ai pas écrit inexistantes…).
Voir mes articles sur les comportements des parents qui peuvent être les sources de conflits
et sur la période du "non" chez les parents.
Les enfants font des crises à la moindre frustration parce
qu’ils ne maîtrisent pas encore bien le langage ni leurs émotions à cet âge-là.
C’est alors important de mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. Cela leur
permet de voir qu’ils sont écoutés et compris mais aussi de comprendre ce qui
se passe en eux.
L’immaturité du cerveau
Cette vidéo
explique bien le fonctionnement et l’immaturité du cerveau des enfants.
Pour schématiser, nous avons 3 cerveaux :
-
le cerveau archaïque ou reptilien,
apparu il y a 500 millions d’années chez les poissons, les amphibiens et les
reptiles. Il permet de gérer nos fonctions vitales (respiration, rythme
cardiaque, digestion, sommeil…) et permet d’assurer notre survie en
déclenchant, face à un danger, des comportements réflexes d’attaque, de fuite
ou de figement.
-
Le cerveau émotionnel ou limbique,
apparu il y a 150 millions d’années chez les mammifères. C’est le siège des
émotions.
-
Le néocortex, apparu il y a 2 ou 3
millions d’années chez les primates. Le néocortex permet la conscience, le
langage, l’apprentissage… Il contient notamment le cortex préfrontal qui permet
la gestion des émotions, la réflexion, le raisonnement, l’empathie, la
moralité, la résolution de problèmes… A la naissance, ce cerveau est immature. Ce
n’est que vers 5/7 ans que l’enfant commence à savoir gérer ses émotions. La
maturation de ce cerveau se termine vers 25 ans !
Comme expliqué dans la vidéo, quand l’enfant vit une
émotion, il est directement connecté à son cerveau émotionnel et pas au
néocortex qui n’est pas mature. Il est alors incapable de se raisonner tout
seul, de prendre du recul sur la situation et de gérer son émotion. C’est alors
à nous, adultes, de l’accompagner dans son émotion et dans sa gestion des
émotions.
Pour plus de détails, voici des liens vers quelques articles à ce sujet :
Le développement des enfants
Souvent, nous croyons que les enfants, à partir du moment où
ils commencent à parler, comprennent très bien ce qu’on leur dit et on prend
alors leurs « mauvais » comportements pour de la désobéissance.
En fait, les enfants comprennent ou retiennent ce qu’on leur
dit sous certaines conditions : phrases avec des tournures positives et
courtes par exemple.
On croit également que les enfants ont un cerveau qui
fonctionne comme le nôtre et on a donc des attentes vis-à-vis d’eux qui ne sont
tout simplement pas conformes à leurs capacités. Et une fois de plus, nous
prenons leurs comportements pour de la provocation.
Par exemple, concernant le rangement des jouets, nous sommes
nombreux à croire qu’un enfant de 2 ans est capable de ranger tout seul ses
jouets à partir du moment où on le lui demande. Et bien non ! J’ai écrit
un article où je détaille âge par âge comment accompagner nos enfants dans le rangement des jouets.
Les enfants ont besoin d’être accompagnés dans leurs
acquisitions ou apprentissages, c’est à dire qu’ils ont besoin qu’on fasse avec
eux pendant un certain temps avant de maîtriser la compétence et d’être capable
de faire tout seul.
Autre exemple, si votre enfant vous parle mal, inutile de le
gronder et de lui parler mal à votre tour. Expliquez lui plutôt comment vous
voulez qu’il vous parle.
Tarisayi de Cugnac l’explique dans cette vidéo.
J’ai fait
pareil avec mon fils et aujourd’hui, il me parle bien, il faut juste des petits
rappels de temps en temps. Vous trouverez dans cet article quelques comportements d'enfants en fonction de leur âge.
Pour plus de détails, je vous conseille très vivement les
livres d’Isabelle Filliozat J'ai tout essayé pour les 1/5 ans et Il me cherche !: Comprendre ce qui se passe dans son cerveau entre 6 et 11 ans
L’élagage synaptique ou l’importance de l’empathie avec
nos enfants
Petit cours de plasticité cérébrale (non, ne fuyez pas, vous
allez voir, c’est simple à comprendre).
Dans le cerveau, nous avons des neurones. Les neurones se
connectent entre elles, nous appelons ces connexions des synapses.
Dès la naissance, 700 à 1000 nouvelles synapses par seconde
se créent pendant les 5 premières années de la vie ! C’est énorme !
Le cerveau d’un adulte possède 300 000 milliards de
connexions synaptiques et celui d’un enfant 1 million de milliards !
Ensuite, l’enfant supprime des connexions synaptiques. Il ne
devient pas plus bête, il se spécialise. Les connexions qui sont le moins
utilisées vont s’affaiblir et être éliminées. Les connexions qui auront été le
plus sollicitées vont se renforcer. C’est l’élagage synaptique. Le cerveau ne
garde que les informations qui vont lui servir dans son environnement.
Autrement dit, si les parents font usage de la violence
envers leurs enfants, ceux-ci, par le biais des neurones-miroirs, en feront de
même et renforceront leurs connexions synaptiques de la violence et en
useront à leur tour de plus en plus souvent !
Si nous voulons que nos enfants soient empathiques, polis,
respectueux… soyons le avec eux et ils renforceront leurs connexions
synaptiques de l’empathie et en feront usage de plus en plus souvent.
Catherine Gueguen écrit dans son livre Pour une enfance heureuse : repenser l'éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau : « Quand les expériences vécues sont
répétées, les connexions et les circuits cérébraux sont consolidés en cinq ou
six mois. Sous l’effet de la répétition, le circuit devient de plus en plus
solide et son empreinte s’approfondit. Les expériences de l’enfance, quand
elles se reproduisent régulièrement, s’impriment profondément et peuvent avoir
des répercussions importantes dans la vie adulte.
Le développement du cerveau est sous la dépendance de
processus génétiques mais il se forme aussi sous l’influence de
l’environnement. »
De plus, l’éducation par la peur et la violence génèrent du
stress chez l’enfant et celui-ci est très néfaste pour la maturation de son
cerveau. J’y reviendrais plus en détail dans un prochain article.
Et si il y a vraiment quelque chose qui ne va pas ?
Chaque enfant a son propre rythme. Par exemple, certains
enfants marchent à 10 mois et d’autres à 18 et c’est normal.
N’hésitez pas à parler avec d’autres parents des
comportements de vos enfants qui vous interrogent. Vous verrez que la plupart
du temps ils vous répondront qu’ils vivent la même chose avec leurs enfants du
même âge ou ont connus la même chose au même âge. Cela vous permettra de vous
rassurer en constatant que les comportements de vos enfants sont donc normaux
et qu’ils n’ont pas de problème.
Par contre, si vos doutes persistent et que vous voyez
vraiment des différences notables entre votre enfant et ceux des autres du même
âge, n’hésitez pas à en parler à un professionnel : médecin généraliste,
pédiatre, enseignant, référent de crèche ou assistant maternel.
Pour aller plus loin :
J'ai tout essayé d'Isabelle Filliozat
Il me cherche !: Comprendre ce qui se passe dans son cerveau entre 6 et 11 ans d'Isabelle Filliozat
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