mardi 28 mars 2017

Les comportements dérangeants des enfants : Et si le cerveau et l’âge de l’enfant étaient les responsables ?






Vous avez remarqué qu’à partir de 18 mois / 2 ans votre enfant qui était si sage, si obéissant, si mignon… s’est tout d’un coup mis à faire crises sur crises ! Partout autour de vous on vous parle de caprices, comédies, cinéma, d’enfant-roi ou tyran. On vous dit d’être plus ferme, plus autoritaire, de le punir ou de le frapper pour qu’il comprenne que c’est vous qui commandez et non lui !
En réalité, la plupart des comportements dérangeants des enfants sont des comportements normaux pour leur âge. Le cerveau de l’enfant est immature à sa naissance, il ne fonctionne pas comme le nôtre et ce n’est pas sans conséquences sur son comportement.


La phase d’affirmation de soi

Tout d’abord, 18 mois / 2 ans est l’âge où l’enfant commence à prendre conscience de son individualité, il veut explorer le monde autour de lui, faire ses propres choix et aussi faire tout seul. C’est le début de l’autonomie.
Je préfère dire que l’enfant est dans une phase d’AFFIRMATION plutôt que d’opposition comme on l’entend souvent. « Quelle est la différence ? » vous allez me demander. La différence est dans le regard que nous portons à notre enfant. Si on se dit qu’il s’oppose (à nous), on a tendance à vouloir rester camper sur nos positions et à imposer nos choix à l’enfant et à faire usage de notre supériorité physique, de notre force, de notre pouvoir… bref, l’enfant ne se sent pas écouté ni respecté en tant que personne, il est frustré et ça déclenche des crises car il ne sait pas encore gérer ses émotions.
Si on se dit que l’enfant est dans une période d’affirmation, on est plus à l’écoute de sa personne et plus susceptible de trouver des solutions qui feront consensus pour tout le monde ou de lui laisser des choix, dans la mesure du possible. Les crises seront ainsi limitées (je n’ai pas écrit inexistantes…).

Les enfants font des crises à la moindre frustration parce qu’ils ne maîtrisent pas encore bien le langage ni leurs émotions à cet âge-là. C’est alors important de mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. Cela leur permet de voir qu’ils sont écoutés et compris mais aussi de comprendre ce qui se passe en eux.

L’immaturité du cerveau

Cette vidéo explique bien le fonctionnement et l’immaturité du cerveau des enfants. 



Pour schématiser, nous avons 3 cerveaux :
-         le cerveau archaïque ou reptilien, apparu il y a 500 millions d’années chez les poissons, les amphibiens et les reptiles. Il permet de gérer nos fonctions vitales (respiration, rythme cardiaque, digestion, sommeil…) et permet d’assurer notre survie en déclenchant, face à un danger, des comportements réflexes d’attaque, de fuite ou de figement.
-         Le cerveau émotionnel ou limbique, apparu il y a 150 millions d’années chez les mammifères. C’est le siège des émotions.
-         Le néocortex, apparu il y a 2 ou 3 millions d’années chez les primates. Le néocortex permet la conscience, le langage, l’apprentissage… Il contient notamment le cortex préfrontal qui permet la gestion des émotions, la réflexion, le raisonnement, l’empathie, la moralité, la résolution de problèmes… A la naissance, ce cerveau est immature. Ce n’est que vers 5/7 ans que l’enfant commence à savoir gérer ses émotions. La maturation de ce cerveau se termine vers 25 ans !

Comme expliqué dans la vidéo, quand l’enfant vit une émotion, il est directement connecté à son cerveau émotionnel et pas au néocortex qui n’est pas mature. Il est alors incapable de se raisonner tout seul, de prendre du recul sur la situation et de gérer son émotion. C’est alors à nous, adultes, de l’accompagner dans son émotion et dans sa gestion des émotions.  
Pour plus de détails, voici des liens vers quelques articles à ce sujet :

Le développement des enfants

Souvent, nous croyons que les enfants, à partir du moment où ils commencent à parler, comprennent très bien ce qu’on leur dit et on prend alors leurs « mauvais » comportements pour de la désobéissance.
En fait, les enfants comprennent ou retiennent ce qu’on leur dit sous certaines conditions : phrases avec des tournures positives et courtes par exemple.
On croit également que les enfants ont un cerveau qui fonctionne comme le nôtre et on a donc des attentes vis-à-vis d’eux qui ne sont tout simplement pas conformes à leurs capacités. Et une fois de plus, nous prenons leurs comportements pour de la provocation.
Par exemple, concernant le rangement des jouets, nous sommes nombreux à croire qu’un enfant de 2 ans est capable de ranger tout seul ses jouets à partir du moment où on le lui demande. Et bien non ! J’ai écrit un article où je détaille âge par âge comment accompagner nos enfants dans le rangement des jouets.
Les enfants ont besoin d’être accompagnés dans leurs acquisitions ou apprentissages, c’est à dire qu’ils ont besoin qu’on fasse avec eux pendant un certain temps avant de maîtriser la compétence et d’être capable de faire tout seul.
Autre exemple, si votre enfant vous parle mal, inutile de le gronder et de lui parler mal à votre tour. Expliquez lui plutôt comment vous voulez qu’il vous parle. 
Tarisayi de Cugnac l’explique dans cette vidéo.



J’ai fait pareil avec mon fils et aujourd’hui, il me parle bien, il faut juste des petits rappels de temps en temps. Vous trouverez dans cet article quelques comportements d'enfants en fonction de leur âge.
Pour plus de détails, je vous conseille très vivement les livres d’Isabelle Filliozat J'ai tout essayé  pour les 1/5 ans et Il me cherche !: Comprendre ce qui se passe dans son cerveau entre 6 et 11 ans

L’élagage synaptique ou l’importance de l’empathie avec nos enfants

Petit cours de plasticité cérébrale (non, ne fuyez pas, vous allez voir, c’est simple à comprendre).
Dans le cerveau, nous avons des neurones. Les neurones se connectent entre elles, nous appelons ces connexions des synapses.
Dès la naissance, 700 à 1000 nouvelles synapses par seconde se créent pendant les 5 premières années de la vie ! C’est énorme !
Le cerveau d’un adulte possède 300 000 milliards de connexions synaptiques et celui d’un enfant 1 million de milliards !
Ensuite, l’enfant supprime des connexions synaptiques. Il ne devient pas plus bête, il se spécialise. Les connexions qui sont le moins utilisées vont s’affaiblir et être éliminées. Les connexions qui auront été le plus sollicitées vont se renforcer. C’est l’élagage synaptique. Le cerveau ne garde que les informations qui vont lui servir dans son environnement.

Autrement dit, si les parents font usage de la violence envers leurs enfants, ceux-ci, par le biais des neurones-miroirs, en feront de même et renforceront leurs connexions synaptiques de la violence et en useront à leur tour de plus en plus souvent !
Si nous voulons que nos enfants soient empathiques, polis, respectueux… soyons le avec eux et ils renforceront leurs connexions synaptiques de l’empathie et en feront usage de plus en plus souvent.
Catherine Gueguen écrit dans son livre Pour une enfance heureuse : repenser l'éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau : « Quand les expériences vécues sont répétées, les connexions et les circuits cérébraux sont consolidés en cinq ou six mois. Sous l’effet de la répétition, le circuit devient de plus en plus solide et son empreinte s’approfondit. Les expériences de l’enfance, quand elles se reproduisent régulièrement, s’impriment profondément et peuvent avoir des répercussions importantes dans la vie adulte.
Le développement du cerveau est sous la dépendance de processus génétiques mais il se forme aussi sous l’influence de l’environnement. » 
De plus, l’éducation par la peur et la violence génèrent du stress chez l’enfant et celui-ci est très néfaste pour la maturation de son cerveau. J’y reviendrais plus en détail dans un prochain article.

Et si il y a vraiment quelque chose qui ne va pas ?

Chaque enfant a son propre rythme. Par exemple, certains enfants marchent à 10 mois et d’autres à 18 et c’est normal.
N’hésitez pas à parler avec d’autres parents des comportements de vos enfants qui vous interrogent. Vous verrez que la plupart du temps ils vous répondront qu’ils vivent la même chose avec leurs enfants du même âge ou ont connus la même chose au même âge. Cela vous permettra de vous rassurer en constatant que les comportements de vos enfants sont donc normaux et qu’ils n’ont pas de problème.
Par contre, si vos doutes persistent et que vous voyez vraiment des différences notables entre votre enfant et ceux des autres du même âge, n’hésitez pas à en parler à un professionnel : médecin généraliste, pédiatre, enseignant, référent de crèche ou assistant maternel.

Pour aller plus loin :
J'ai tout essayé d'Isabelle Filliozat

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