Il y a quelques jours, j’ai vu à la télévision un épisode
inédit de « Super nanny » : « Parents sur le tard, nous ne
nous en sortons pas avec nos jumeaux ». Cet épisode était très intéressant
car les parents avaient déjà lu plusieurs livres sur l’éducation notamment J'ai tout essayé d’Isabelle Filliozat, ils avaient testés
plusieurs outils, mais en vain. Alors pourquoi l’éducation positive n’a pas
fonctionné avec leurs enfants ? Il suffit d’observer comment les parents
se comportent avec leurs enfants pour le comprendre, ils sont sans arrêt sur
leur dos à leur dire « Fais pas si, fais pas ça » ou au contraire ils
imposent leur point de vue sans donner d’explication aux enfants et sans les
écouter.
Sylvie Jenaly leur a d’ailleurs posé la question à la fin de
ses deux journées d’observation : « Savez-vous pourquoi il y a de
telles crises ? ».
Réponse des parents « non ».
Réponse de Sylvie Jenaly « VOUS êtes le facteur
déclencheur des crises. »
Et elle a entièrement raison ! Pour une fois que je
suis d’accord avec elle…
Vous pouvez lire plein de livres sur l’éducation, si vous
n’êtes pas prêt à vous remettre en question sur votre attitude vis-à-vis de vos
enfants, ça ne marchera pas !
Nous allons voir plus en détail en quoi ce sont nos
comportements qui déclenchent souvent des crises ou de la rébellion chez nos
enfants !
Le stress
Quand on se sent attaqué, quand notre cerveau détecte un
danger ou un stress, cela fait déclencher nos mécanismes de défense :
l’attaque, la fuite ou le figement.
L’enfant se sent attaqué dès qu’on fait les gros yeux ou la
grosse voix, quand on le gronde, quand on le punit, quand on le frappe…
Ces mécanismes peuvent avoir un impact sur le comportement
des enfants : non respect des consignes, enfant opposant, évitement,
mensonge pour ne pas assumer ses erreurs, être dans la lune, traîner pour aller
au lit, crise, colère, oubli des leçons, traîner le matin avant d’aller à
l’école, faire de la provocation, dire des vilains mots, faire preuve
d’arrogance (« j’m’en fous »), enfant immobile quand on le gronde…
L’enfant se braque pour se protéger.
Dans ces cas, il faut contourner le bouclier de défense de
l’enfant, il ne faut pas rentrer en conflit avec lui. Il faut rester calme,
comprendre le comportement de l’enfant par le dialogue, en le questionnant.
L’imitation
On ne le répètera jamais assez mais les enfants font ce
qu’on fait et non ce qu’on leur dit !
Si les parents crient, comment voulez-vous que les enfants
apprennent à parler calmement ?!
Si les parents frappent, comment voulez-vous que les enfants
apprennent à s’exprimer avec des mots et non des gestes violents ?!
Si les parents exercent sur leurs enfants un rapport de
force, comment voulez-vous que les enfants apprennent à coopérer ?!
Les enfants agissent comme nous.
Si nous voulons que nos enfants changent leurs
comportements, commençons par changer les nôtres.
On ne peut pas exiger de nos enfants des attitudes que nous
n’avons pas.
On ne peut pas attendre de nos enfants des capacités que
nous ne leur apprenons pas.
Donc, montrons le bon exemple à nos enfants.
L’autoritarisme
Quand nous sommes dans l’autoritarisme, que nous mettons en
place des rapports de force avec les enfants : « je suis l’adulte, je
commande, tu es l’enfant, tu m’obéis », ça ne donne pas envie à l’enfant
de coopérer.
Quand vous vous adressez à vos enfants, posez-vous ces
questions :
-
Vous adressez-vous à votre enfant
de la même manière que vous vous adressez à un adulte ou aux enfants des
autres ?
-
Comment demandez-vous à vos
enfants de s’adresser à vous ?
-
Comment voulez-vous ou aimez-vous
que les autres s’adressent à vous ?
-
Comment réagissez-vous quand on
vous donne des ordres ou quand on vous parle mal ?
Si vous n’aimez pas quand on vous parle mal, il y a peu de
chance qu’il en soit autrement avec vos enfants…
Si vous coopérez plus facilement quand on s’adresse à vous
de manière correcte et respectueuse, il y a de fortes chances qu’il en soit de
même pour vos enfants…
Dans cette vidéo, Nancy Doyon explique 3 astuces pour donner à nos enfants l'envie de coopérer :
- Demander au bon moment : si nos enfants sont occupés
à jouer ou à regarder leur émission préférée à la télé, on peut attendre quelques
minutes avant de leur demander de faire leurs devoirs ou de prendre leur
douche.
- Le ton fun et agréable : comme je l’ai écrit plus
haut, les enfants (et les adultes aussi) ont plus envie de coopérer quand on
s’adresse à eux de façon agréable et respectueuse.
- Les prévenir à l’avance : prévenir l’enfant que dans
5 minutes il devra prendre la douche ou faire ses devoirs lui permet de se
préparer et de terminer ce qu’il fait. Il se sentira moins frustré et davantage
respecté.
Une des choses que j’ai apprise lors de mes formations avec
Nancy Doyon est que lors d’une intervention, ce qu’on dit ou ce qu’on demande
aux enfants ne compte que pour 30% du résultat. Mais COMMENT on le dit ou on le
demande compte jusqu’à 70% du résultat ! Ca signifie que quand nos enfants
s’opposent, ils ne s’opposent pas à nous ou à ce qu’on leur demande de faire
mais à la façon dont on s’adresse à eux, à notre attitude vis-à-vis d’eux.
Il est donc très important de faire preuve de respect dans
nos interventions avec nos enfants, comme quand on s’adresse à son conjoint, à
un ami ou un voisin.
Il ne faut pas être trop dur dans notre ton mais il ne faut
pas être trop mou non plus. Nancy Doyon parle souvent de la « fermeté
bienveillante » qui est le juste milieu entre le trop autoritaire et le
trop laxiste. C’est un dosage pas toujours facile à trouver au début, mais
quand on l’a trouvé, c’est vraiment magique, les enfants écoutent bien mieux ce
qu’on leur dit.
Voici deux autres vidéos de Nancy Doyon qui vont aideront à
mieux comprendre la « fermeté bienveillante » :
Regardez-vous votre enfant avec bienveillance ?
Votre enfant souffre de surdité sélective ? Apprenez à utiliser le bon langage :
Vous pouvez également retrouver mes autres articles sur la coopération des enfants sur mon blog :
La surprotection et le contrôle
Vous imaginez si votre conjoint passe son temps à reprendre
le moindre de vos faits et gestes. Par exemple, vous conduisez et il passe son
temps à dire : « va moins vite ! », « attention, tu
n’as pas mis ton clignotant ! », « accélère ! », « là,
c’est bien, tu conduits bien, je suis content de toi », « qu’est-ce
que tu attends pour le doubler ?! », « rétrograde ! »…
Qu’est-ce que vous ressentez ?
Qu’est-ce que ça vous donne envie de faire ?
Parmi nos ressentis, il pourrait y avoir de l’agacement, du
découragement, de l’énervement, de la colère.
Parmi nos réactions possibles, on pourrait :
-
ne pas écouter
-
faire tout le contraire de ce
qu’il nous dit (ou du moins, en avoir une très forte envie !)
-
ne plus avoir envie de conduire
quand il est à nos côtés
-
le reprendre dès qu’il conduit mal
Quand les parents passent leur temps à dire à leurs enfants
« ne fais pas ça, tu vas tomber », « fais attention, tu vas te
faire mal »…
Quand les parents jouent les hélicoptères et surveillent et
reprennent les moindres gestes de leurs enfants « là, c’est mal fait,
recommence », « c’est bien », « c’est mal »,
« fais comme si, fais comme ça »…
A votre avis, que ressentent vos enfants ?
Qu’est-ce que ça leur donne envie de faire ?
De coopérer ? De faire des efforts pour
s’améliorer ?
Non !
Les enfants ressentent la même chose que nous et on envie de
réagir de la même manière que nous !
Donc, laissons les respirer !
Laissons les vivre !
Laissons les explorer, expérimenter !
Bien sur, s’ils se mettent en danger ou mettent quelqu’un en
danger, on doit intervenir. Mais dans la très grande majorité des cas, nos
interventions ne sont vraiment pas indispensables.
Si vous avez un gros besoin de contrôle, il est très
intéressant de comprendre d’où il vient :
-
Est-ce que vos parents étaient eux
aussi dans la surprotection et le contrôle et vous reproduisez le schéma ?
-
Est-ce qu’au contraire vos parents
ne contrôlaient rien et vous étiez livré à vous-même et vous êtes parfois mis
en danger et vous ressentez aujourd’hui le besoin de ne surtout pas faire comme
eux ?
-
Est-ce que vous vous êtes déjà
senti impuissant quand vous étiez enfant face aux décisions des adultes (qui
pourtant vous concernaient) ou face aux évènements de la vie (décès,
séparation) et ressentez aujourd’hui un besoin de tout contrôler pour vous
donner l’illusion que vous maîtrisez les choses, les gens et les
évènements ?
Pour certaines personnes, le simple fait de prendre conscience
de ce besoin et d’en comprendre la cause peut suffire pour changer leurs
comportements vis-à-vis de leurs enfants.
D’autres personnes auront peut être besoin de faire un
travail sur eux plus poussé.
A chacun de voir ce qui lui correspond le mieux.
La NONnite aigue
La nonnite aigue est une manie très fréquente chez les
parents qui consiste à dire « non » aux enfants dans la seconde qui
suit une demande, sans prendre le temps de réfléchir.
Bien souvent, cela déclenche des cris de frustration de la
part de l’enfant et bien souvent, le parent est à court d’argument pour
expliquer son « non » puisqu’il l’a dit sans vraiment réfléchir et
sans vraiment de raisons.
Le problème est que, dans ces cas-là, les parents se disent
« J’ai dit « non » donc je dois rester sur mon
« non », sinon, il va croire que je lui cède parce qu’il crie ».
Sauf qu’il y a une différence entre céder et changer d’avis.
Si vous avez dit « non » trop rapidement et que
vous le regrettez ensuite, vous pouvez très bien expliquer à votre enfant :
« Je t’ai dit « non » tout à l’heure un peu trop vite. J’ai
réfléchit et maintenant, je suis d’accord ».
Evidemment, c’est à faire le moins souvent possible pour que
votre enfant ne s’imagine pas que vous avez cédé à ses cris. Mais comme le dit
le proverbe, « il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas
d’avis ».
Pour éviter de dire « non » trop rapidement pour
dire « oui » quelques minutes plus tard, essayez de prendre
l’habitude de différer votre réponse de quelques secondes voire même de quelques
jours. Les enfants, en fonction de la demande bien sur, n’attendent pas
toujours une réponse immédiate. Vous pouvez lui dire « C’est une question
intéressante, je vais y réfléchir ou en parler avec ton papa/ta maman et je te
dirai plus tard ce que j’en pense ». Les enfants seront peut être déçus de
ne pas avoir une réponse tout de suite mais ils verront aussi que, même si la
réponse est négative, vous avez pris le temps d’y réfléchir et ils apprécieront
plus facilement qu’un « non » direct.
Pour d’autres astuces sur la nonnite aigue, vous pouvez lire
mon article sur la période du "non" chez les parents.
La remise en question de nos propres comportements
Comme je l’ai dit plus haut, l’épisode de « Super
nanny » avec les parents qui avaient lu des livres sur l’éducation positive
sans résultat est un bon exemple de « pourquoi ça ne marche pas ».
Les outils sur l’éducation positive sont avant tout des
outils pour les parents pour changer leur regard sur l’enfant, pour les
informer sur le développement des enfants, notamment sur l’immaturité de leur
cerveau et donc pour changer leurs attentes et leurs comportements vis-à-vis de
leurs enfants.
Si on prend ces outils uniquement pour changer uniquement le
comportement des enfants sans se remettre soi-même en question, ça ne
fonctionne pas !
Vous trouverez dans cet article d’autres raisons qui peuvent
expliquer pourquoi l'éducation positive ne marche pas avec vos enfants.
Ce qui est vraiment passionnant dans l'éducation positive ou même dans le contact avec nos enfants, c'est qu'on en apprend vraiment beaucoup sur soi-même.
Sur-ce, bonne expérimentation à vous !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire