Le stress, c’est l’effort d’adaptation du corps, de
l’organisme à une sollicitation extérieure.
Le stress est donc important, notamment pour assurer notre
survie en cas de danger. Nous avons déjà vu que dans ces cas là, notre cerveau
déclenche 3 réactions réflexes : l’attaque, la fuite ou le figement. Sans
le stress, notre espèce serait éteinte depuis longtemps.
Mais l’excès de stress est délétère pour notre santé mais
aussi pour la maturation du cerveau des enfants.
« L’enfant, dont l’organisme est en construction, est
plus vulnérable au stress que l’adulte. A la suite de stress importants, les
conséquences chez lui peuvent être redoutables, entraînant des répercussions
cérébrales à l’origine de troubles du comportement, parfois même de déficits
cognitifs » écrit Catherine Gueguen dans Pour une enfance heureuse : repenser l'éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau
Les causes du stress
Il y a plusieurs causes de stress :
-
l’accumulation de tensions
-
un choc, un traumatisme
-
un besoin non satisfait
-
un souci dans son cœur
-
des émotions refoulées
-
effort d’adaptation à fournir
Les enfants sont sous stress le soir quand ils rentrent de
la crèche ou de l’école et qu’ils ont du être sages toute la journée, faire ce
qu’on leur demandait de faire, écouter sans bouger, ou quand ils se sont fait
embêter ou piquer leurs jouets par d’autres enfants.
Ils sont sous stress quand un adulte leur crie dessus.
Ils sont sous stress quand leurs parents se disputent.
Ils sont sous stress quand ils vont à l’école ou à a crèche
pour la première fois.
Ils sont sous stress quand leur référent de crèche ou leur
enseignant est absent et remplacé par quelqu’un d’autre.
Ils sont sous stress quand ils sont fatigués ou quand ils
ont faim.
…
Chaque fois que l’enfant acquiert une nouvelle compétence,
chaque fois qu’il vient de franchir une nouvelle étape, on constate qu’il dort
moins bien, qu’il mange moins ou qu’il a des soucis de comportements. C’est lié
au stress infligé par cette nécessité d’adaptation.
Les effets du stress sur le comportement des enfants
Nous avons déjà vu dans un précédent article que le fait d’utiliser la peur ou la violence
sur les enfants pour se faire obéir engendre du stress en eux et donc des
comportements indésirables d’attaque, de fuite ou de figement comme : non
respect des consignes, enfant opposant, évitement, mensonge pour ne pas assumer
ses erreurs, être dans la lune, traîner pour aller au lit, crise, colère, oubli
des leçons, traîner le matin avant d’aller à l’école, faire de la provocation,
dire des vilains mots, faire preuve d’arrogance (« j’m’en fous »),
enfant immobile quand on le gronde…
L’enfant se braque pour se protéger.
Dans ces cas, il faut contourner le bouclier de défense de
l’enfant, il ne faut pas rentrer en conflit avec lui. Il faut rester calme,
comprendre le comportement de l’enfant par le dialogue, en le questionnant.
Il ne sert vraiment à rien de rester campé sur nos positions
quand l’enfant est sous stress, on ne fait que jeter de l’huile sur le feu.
Quand vous sentez la tension monter entre vous et votre
enfant, prenez un temps de pause le temps de vous reconnecter avec votre
néocortex avant de revenir vers votre enfant et de résoudre le problème de
façon plus calme.
Si l’enfant met en danger sa santé ou sa sécurité, il est
important de respecter votre décision jusqu’au bout mais en faisant attention à
votre attitude et vos mots. Si votre enfant veut des bonbons ou des gâteaux,
vous pouvez lui proposer des fruits à la place. Si votre enfant grimpe sur les
meubles de la cuisine, vous pouvez lui proposer d’aller dans le jardin ou au
parc pour qu’il se défoule…
Sinon, vous pouvez aussi chercher avec l’enfant une solution
au problème qui fera consensus pour tout le monde.
Le but est de faire comprendre à l’enfant qu’on comprend son
besoin et de le rediriger vers quelque chose d’acceptable pour vous.
Cela n’a donc rien à voir avec le fait de céder à l’enfant
ou du laxisme.
Les effets du stress sur l’organisme
Le stress produit un afflux d’adrénaline, de noradrénaline,
de cortisol, toxique pour l’organisme.
« Quand la tristesse, l’angoisse, la peur, la colère
submerge l’enfant et qu’il pleure, sanglote, hurle, seul, sans personne pour le
consoler, que se passe-t-il dans son organisme ? Un grand stress
( …).
Quand l’enfant dans ces moments-là est privé de réconfort,
de calme, de compréhension et de tendresse, le stress est intense, il est
réellement en détresse. Son cerveau est envahi d’adrénaline, de noradrénaline
et de cortisol, libérés en masse par les glandes surrénales au niveau de la
médullo-surrénale et de la cortico-surrénale » écrit encore Catherine
Gueguen dans Pour une enfance heureuse : repenser l'éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau
L’adrénaline et la noradrénaline « jouent un rôle
important sur notre humeur. (…) Quand ces substances sont à un taux normal,
nous sommes pleins d’allant et d’énergie pour vivre. Mais quand ces substances
sont à des taux trop élevés, nous devenons angoissés et/ou en colère. Nous
sommes alors submergés par un sentiment de peur et notre corps entre en
hyper-vigilance, prêt à tout moment à attaquer, à fuir, ou à se replier.
(...)
En quantité modérée le cortisol est bénéfique, il
nous aide à calmer un état de stress en augmentant le taux de glucose dans le
sang.
A l’opposé, un taux élevé de cortisol entraîne le sentiment
d’être sans force, sans courage, triste, en grande insécurité.
L’enfant se sent menacé et angoissé. Le monde qui l’entoure
lui paraît hostile et agressif. Ses pensées, ses émotions, ses perceptions sont
voilées par un sentiment de peur, de grand danger, il est inhibé, dans
l’impossibilité d’entreprendre et de surmonter la moindre difficulté.
La sécrétion prolongée de cortisol peut aussi modifier le
métabolisme et l’immunité de l’organisme, entraîner le développement de
maladies chroniques, des maladies auto-immunes (diabète, sclérose en plaques,
polyarthrite rhumatoïde, etc), et avoir des effets redoutables sur le cerveau
immature de l’enfant. » toujours d'après Catherine Gueguen dans Pour une enfance heureuse : repenser l'éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau
Donc comme déjà dit, le stress entraîne des comportements
réflexes d’attaque, de fuite ou de figement et, comme on le sait déjà
aujourd’hui, des problèmes de santé.
Au contraire, l’ocytocine est une hormone anti-stress et un
puissant anxiolytique. Elle apaise, « elle diminue la sécrétion de
cortisol (…), la personne se calme, le rythme du cœur de la respiration
diminue. Elle (…) diminue les réactions de peur » selon Catherine Gueguen. L’ocytocine est
sécrétée lors d’un contact physique comme un câlin ou lors des relations
chaleureuses, affectueuses et intimes.
Les effets du stress sur le cerveau de l’enfant
J’ai déjà parlé dans cet article des effets des violences sur le cerveau des enfants.
Je vais aller plus loin ici.
« Les effets du stress in utero et durant la petite
enfance peuvent avoir des conséquences très négatives sur le développement du
cerveau de l’enfant.
Le cortisol agit lentement et peut rester en quantité
importante dans le cerveau pendant des heures, des jours voire des semaines.
Quand son taux atteint des niveaux très élevés ou s’il est sécrété de façon
prolongée, il a des effets très toxiques pour certaines structures cérébrales
en développement.
Le stress pendant la vie prénatale et durant la petite
enfance diminue la neurogenèse (développement de nouveaux neurones). (…) Le
stress peut même provoquer la destruction de neurones dans des structures
importantes du cerveau comme le cortex préfrontal, l’hippocampe, le corps
calleux et le cervelet.
Le stress peut affecter le développement des circuits
neuronaux, le cortisol altérant directement la myéline qui entoure les fibres
nerveuses et accélère la transmission de l’influx nerveux. Les expériences
postnatales stressantes diminuent le nombre de fibres myélinisées. (…)
Le cortisol en trop grande quantité interfère négativement
sur l’expression du BDNF (Brain derived neurotrophic factor), facteur de
croissance neuronale qui agit sur le développement neuronal et la plasticité
cérébrale.
(…)
L’hippocampe joue un rôle important dans la mémoire,
l’apprentissage et la régulation des émotions. Le stress sévère dans la petite
enfance peut altérer profondément son développement avec une réduction de ses
synapses voire une mort de ses neurones. Les effets sont donc des pertes de
mémoire, des crises d’anxiété voire de panique, des troubles dissociatifs
(troubles de l’identité, dépersonnalisation), symptômes rencontrés dans le
syndrome post-traumatique.
(…)
L’amygdale est impliquée dans nos réactions de peur, dans
nos réactions impulsives de fuite ou d’agressivité, dans notre mémoire. Le
stress lors de la petite enfance altère profondément le fonctionnement des
neurotransmetteurs dans l’amygdale (…). Ces altérations peuvent provoquer des accès
de violence incontrôlés.
(…)
Un stress important dans la petite enfance agit sur le
cortex préfrontal et peut entraîner une destruction de ses neurones. Il entrave
alors sa maturation et diminue son volume. » toujours selon Catherine Gueguen.
Et encore, je ne marque pas tout… Je vous invite très
vivement à vous procurer son livre Pour une enfance heureuse : repenser l'éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau pour plus d’informations.
Bref, vous l’aurez compris, l’éducation par la peur est
vraiment très nocive pour la maturation du cerveau et la santé de nos
enfant et le stress influe vraiment sur leurs comportements !
Je le répète, si l’enfant se met en danger, évident qu’il
faut intervenir, mais il n’est absolument pas nécessaire de lui crier dessus ou
de le punir voire même de le frapper. On peut agir avec empathie en lui disant
qu’on comprend qu’il a besoin de grimper, d’explorer… mais que c’est dangereux.
Il peut par contre le faire quand on est à côté de lui ou différemment. Il est
également important de sécuriser son domicile et son jardin afin que l’enfant
puisse explorer en toute sécurité sans qu’on lui dise « non » toutes
les 30 secondes.
L’ocytocine est bonne pour la santé et le développement
des enfants !
L’ocytocine est une hormone qui procure du bien-être, aide à
percevoir les émotions et diminue le stress.
Elle est sécrétée lors de contacts physiques mais aussi lors
de relations et moments agréables.
Elle favorise l’empathie.
C’est l’ocytocine qui nous pousse à prendre soin de notre
bébé, notamment à aller le voir quand il pleure, le prendre dans nos bras, le
réconforter ou répondre à son besoin.
Donc abusons-en sans modération avec nos enfants (et tout
notre entourage aussi) !
Ecoutons ce que nos enfants ont à nous dire à travers leurs
comportements. Voici des liens vers quelques articles sur ce sujet :
Apprenons à exprimer nous aussi nos besoins et nos émotions.
Répondons aux besoins de nos enfants
si nécessaire avec la résolution de conflit sans perdant.
Aidons nos enfants à gérer leurs émotions.
Pour aller plus loin :
Pour une enfance heureuse : repenser l'éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau de Catherine Gueguen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire